Quand un même jeu n'était pas vraiment le même : SNES vs Mega Drive
Dans les années 90, la guerre des consoles battait son plein. D’un côté, Nintendo et sa Super Nintendo (SNES). De l’autre, SEGA avec sa Mega Drive (Genesis en Amérique du Nord). Les joueurs voyaient sortir des jeux aux titres identiques sur les deux machines, mais qui n’avaient parfois rien à voir une fois la manette en main.
Aujourd’hui encore, ce phénomène fait partie intégrante de l'histoire du rétrogaming
Deux consoles, deux philosophies
Les différences entre les versions SNES et Mega Drive d’un même jeu ne sont pas dues au hasard. Elles sont le fruit de choix techniques et créatifs liés aux architectures radicalement différentes des deux machines.
SNES : richesse graphique et qualité sonore
Palette de couleurs plus riche (32 768 couleurs, 256 affichables simultanément)
Son de haute qualité, grâce au processeur audio Sony SPC700
Processeur principal plus lent, limitant parfois la vitesse d’affichage ou la réactivité
Mega Drive : vitesse et sons synthétiques
Processeur plus rapide, le Motorola 68000, idéal pour les jeux d'action nerveux
Palette de couleurs plus limitée (512 couleurs, 64 simultanément)
Son plus "synthétique", basé sur la puce Yamaha YM2612, reconnaissable à ses sonorités FM typiques
Ces différences forçaient souvent les développeurs à repenser entièrement le jeu pour chaque plateforme, ou à confier le projet à des studios différents selon la version.
Quelques exemples marquants de cette "double identité"
Aladdin (1993)
Mega Drive : développé par Virgin Interactive, avec des animations dignes des studios Disney et un gameplay orienté action.
SNES : version signée Capcom, sans sabre, plus orientée plateforme classique, avec un rythme très différent.
Jurassic Park
SNES : jeu à la vue de dessus, mêlant exploration et séquences en 3D à la première personne dans les bâtiments.
Mega Drive : jeu d’action/plateforme, original par la possibilité de jouer le docteur Grant ou un raptor.
The Terminator (1993)
SNES : gameplay rigide, graphismes ternes et ambiance très sombre, développé par Gray Matter.
Mega Drive : version bien plus fluide, plus agréable à jouer, avec des musiques marquantes et une meilleure animation (signée Probe Software).
Une richesse à explorer pour les retrogamers
Ce phénomène fait le charme du retrogaming : un même titre pouvait cacher deux expériences complètement différentes. Entre limitations techniques, styles artistiques opposés et libertés prises par les développeurs, chaque version est aujourd’hui un témoignage unique de l’âge d’or des 16 bits.
Pour aller plus loin en vidéo
Nous vous invitons à découvrir la vidéo de Fabrice qui explore justement ces différences à travers plusieurs exemples concrets. À découvrir ici :