Petit phénomène dans le monde du rétrogaming et du pixel art, Earthion est disponible depuis quelques jours sur Steam. Les versions consoles modernes attendront le 30 octobre 2025, tandis que la version Mega Drive (qui est la version “originale”) sera disponible courant 2026.

Si le jeu fait tant parler de lui, c’est notamment pour la prouesse technique qu’il représente. Earthion est avant toute chose un jeu Mega Drive (qui est donc porté sur PC et consoles modernes), et l’on peut vous dire que faire tourner sur cette console 16 bits un jeu aussi abouti techniquement relève du talent pur. Et que dire des animations de notre vaisseau, notamment en intro et outro de chaque niveau ? Certes, c’est du pré-calculé, mais c’est trèèès beau pour du matériel de 1988.

Attention, ce n’est pas du fan service ni le jeu parfait, mais si nous avons souhaité vous proposer un test complet, c’est parce qu'il fait partie de ces productions qui nous rappellent pourquoi nous aimons les jeux vidéo, pourquoi c’est un art, et pourquoi le pixel art a encore de beaux jours devant lui…

Univers et scénario

Nous sommes en 2175. La Terre se meurt, les ressources manquent, et l’humanité a décidé de migrer vers Mars pour un avenir meilleur. C’est durant cet exode qu’une menace extraterrestre, jusqu’alors tapis dans l’ombre de la face cachée de la Lune, fait son apparition.

Le constat est sans appel : nous sommes dépassés technologiquement, les pertes sont terribles, mais un espoir persiste. Les quelques pertes extraterrestres nous ont permis de mettre la main sur leur technologie, de quoi préparer une frappe chirurgicale contre nos ennemis. C’est à ce moment que votre combat commence.

Vous incarnez Azusa Takanashi, une biologiste en environnement et pilote du vaisseau YK-IIA, qui sillonnera le ciel à travers 8 niveaux, chacun avec ses décors bien distincts (espace, planète, installations…). Shmup oblige, chaque niveau sera ponctué par un boss final avec des mécaniques propres (armes à détruire, bouclier à désactiver, phase d’invincibilité…).

Ennemis et boss

Si les boss sont tous très inspirés, la même chose peut être dite du bestiaire en général. Les ennemis sont variés, avec une esthétique propre au biome auquel ils appartiennent. Ils peuvent être aussi bien mécaniques qu’organiques. Certains s’adapteront à vos mouvements, les “petits bras” se contenteront d’envoyer un maximum de projectiles dans votre direction et seront éliminés en quelques tirs, tandis que d’autres seront synonymes de game over tant leurs tirs sont dévastateurs.

À noter que certains niveaux comportent des boss de “mi-niveau” pour un changement de rythme bienvenu durant vos runs.

Les boss sont tous très inspirés

Graphismes et ambiance

Le tout se passe dans des décors absolument magnifiques, que ce soit dans l’espace, au-dessus de l’eau (avec un coucher de soleil — certes bien connu pour son effet contemplatif — sublime) ou dans des lieux industrialisés. Nous sommes devant un des shmup les plus généreux en termes de diversité et d’inspiration.

Néanmoins, on retrouve — en mon sens — un des seuls défauts du jeu : il est parfois difficile de faire la différence entre un élément de décor d’arrière-plan et de premier plan. Vous allez donc foncer tête baissée contre un mur en espérant éviter des projectiles, ce qui, après coup, se révélera être un véritable acte suicidaire, les décors pouvant facilement vous one-shot. C’est parfois évident, mais quand l’écran se transforme en véritable festival de projectiles et d'ennemis, la lecture du jeu peut être délicate. En revanche, rien à redire sur les tirs ennemis, toujours très facilement identifiables même en très grand nombre.

Certains plans sont magnifiques

Gameplay et mécanique de jeu

Votre vaisseau YK-IIA sera également responsable d’une puissance de feu bien visible à l’écran. Vous serez doté d’une arme principale et d’armes secondaires. Au fil de votre avancée, vous pourrez équiper plusieurs armes qu’il sera possible de switcher en combat. Chaque arme peut être améliorée au fil des cristaux (Solrium Crystals) que vous ramasserez dans les niveaux. Ces cristaux viennent naturellement, sans action de votre part, augmenter votre puissance de feu. Mais attention : si vous abandonnez une arme au profit d’une autre, il vous faudra l’améliorer à nouveau.

Une mécanique de jeu très bien pensée : l’arme améliorée par les cristaux est celle que vous êtes en train d’utiliser. Ainsi, si vous souhaitez améliorer toutes vos armes, il vous faudra switcher entre celles-ci. Bien entendu, chaque arme peut être très situationnelle, parfois parfaite, parfois inutile, en fonction du boss ou des ennemis que vous allez affronter. On vous laisse découvrir cela.

Tout un arsenal évolutif sera à votre disposition

Vous aurez trois “vaisseaux” pour finir un stage, et trois vies (de trois vaisseaux) pour finir le jeu, avec quelques 1UP à glaner par-ci par-là. La vie de votre vaisseau est représentée par un bouclier, qui diminue au fil des coups encaissés. Mais si vous tenez assez longtemps sans subir de dégâts, le bouclier se régénérera, vous permettant de vous exposer à nouveau et de redevenir offensif.

À chaque fin de niveau, le jeu vous propose une amélioration : un vaisseau supplémentaire, un emplacement de bouclier ou d’arme secondaire, l’augmentation de votre niveau d’arme max… de quoi vous équiper et vous préparer au mieux pour avancer jusqu'au stage final.

En cas de Game Over, le jeu vous affichera un Password qui vous permettra de recommencer une partie en conservant vos améliorations, une sorte de New Game+ sans avoir fini le jeu pour vous faciliter la tâche. Une composante bienvenue que vous n'êtes pas obligé d’utiliser.

Le jeu peut se parcourir dans différents modes de difficultés (vous pouvez même choisir le nombre de vaisseaux disponibles), et un mode Challenge vous proposera différents défis : de survie, avec tel ou tel type d’arme… au plus grand bonheur des scoreurs. Sur PC et consoles modernes, un leaderboard est présent pour vous comparer aux meilleurs joueurs mondiaux.

Pour finir sur le gameplay, j’ai relevé un point négatif : à date, le vaisseau paraît un peu lourd et lent à déplacer, ce qui peut être handicapant dans certaines situations, mais il s’agit là d’un ressenti personnel, que ce soit au joystick analogique ou au stick arcade.

Bande-son et ambiance sonore

Côté sonore, c’est le compositeur Yuzo Koshiro (Streets of Rage, The Revenge of Shinobi, ActRaiser, etc.) qui vous accompagnera durant vos runs avec un total de 27 morceaux originaux composés sur le hardware réel de la Mega Drive.

Si vous tombez sous le charme, sachez que la bande originale est également disponible en édition physique en vinyle ou cassette audio (nostalgie quand tu nous tiens).

Niveau bruitages, tout est très bien dosé, le jeu ne bourre pas la tête et reste toléré par l’entourage, ce qui est plutôt bon signe sur un shmup. Mention spéciale aux quelques voix présentes, que ce soit pour signaler un bouclier à la limite de la rupture ou des messages radios et de simples “copy” en début de partie, qui renforcent l’immersion dans l’univers du jeu.

Disponibilité et appel de Yuzo Koshiro

Earthion est sorti le 31 juillet sur PC au prix de 17,99 €. Les versions consoles modernes arriveront le 30 octobre 2025 à 34,99 $ pour l’édition physique disponible chez Limited Run Games. Chaque plateforme bénéficie d’une version collector à 99,99 $ comprenant posters, bande-son, mini borne arcade décorative…

La version Mega Drive a été repoussée en 2026 (pas de date précise) pour une raison simple : le jeu n’est pas encore à la hauteur de l'exigence des développeurs, et une cartouche… ça ne se patche pas. Si les versions modernes pourront bénéficier de différentes mises à jour correctrices, la version cartouche se doit d’être parfaite dès sa sortie.

Seul souci : des internautes se sont procurés des ROMs Mega Drive sur le net, et cela pose deux problèmes pour le développeur. Le premier est que le jeu Mega Drive n’est pas terminé et que la version piratée est donc une version non officielle. Le deuxième est bien sûr financier : si les joueurs se contentent de la ROM sans acheter le jeu, c’est un trou dans la raquette que vont subir les développeurs.

Un appel a été lancé par Yuzo Koshiro, le patron d’Ancient, sur X :

“Une ROM piratée d'Earthion circule en ligne. Certains pourraient penser qu'elle est officielle, mais ce n'est pas le cas. La version officielle est disponible uniquement sur Steam pour le moment. La version MD/Gen sera disponible l'année prochaine uniquement en cartouche. Aucune ROM téléchargeable n'est prévue. Merci de nous soutenir via les canaux officiels. Nous sommes sincèrement reconnaissants à tous ceux qui soutiennent Earthion par des moyens officiels. Les ROM piratées nuisent aux petites équipes indépendantes comme la nôtre. Nous avons mis tout notre cœur dans ce jeu et souhaitons que les gens l'apprécient comme prévu. Votre soutien fait une réelle différence.”

Si vous souhaitez bénéficier de la meilleure version du jeu, il faudra donc vous tourner vers Steam, Limited Run Games ou les boutiques officielles des consoles une fois le jeu disponible. Un investissement (de 17,99 € sur Steam) qui permet d’avoir un jeu à jour et surtout de financer une équipe de développeurs qui serait bien inspirée de nous servir des productions de cette qualité au rythme qui leur semblera le plus adapté.

Conclusion

Au vu de la qualité du jeu, nous ne pouvons qu’encourager ce type de sortie qui rend hommage à l'âge d’or des shmup tout en les sublimant. Earthion est la preuve que la passion, le travail, et l’écoute d’une communauté permettent d’obtenir des productions d’une qualité trop rare qui rappelle que le jeu vidéo, avant d'être le centre de débats souvent stériles, est avant tout un art.

Images : Ancient / YKGGG / Earthion